3 – Les forces en présence en Afrique orientale
Lors de l’entrée en guerre des belligérants en juin 1940, le rapport de force est donc largement favorable aux italiens, d’autant plus que très rapidement les forces françaises en Afrique vont être neutralisées par la mise en œuvre de l’armistice du 22 juin.
Début janvier 1941, avec les renforcements déployés depuis l’entrée en guerre, on peut estimer que les forces italiennes disposent de 336 000 hommes sur l’ensemble de l’Afrique Orientale Italienne, non compris les forces de police, tandis que les forces britanniques disposent de 254 000 hommes, y compris les forces de défense, dont la majorité des effectifs sont déployés au Soudan.
Les forces italiennes
Les Italiens comptent entre 250 000 et 280 000 hommes en Afrique Orientale Italienne dont environ 70 % sont des soldats indigènes askaris. Elles sont placée sous le commandant en chef du gouverneur-général de cette colonie, le duc d’Aoste Amédée de Savoie. Le commandement des forces italiennes en Erythrée est donné au général Frusci.
Les équipements majeurs des troupes italiennes en AOI sont :
– 64 chars moyens,
– 39 chars légers dont 24 M11/39,
– 126 véhicules blindés,
– 813 pièces d’artillerie de différents calibres datant de la première Guerre mondiale,
– 3 300 mitrailleuses.
La composante maritime dispose de sept destroyers et huit sous-marins basés à Massaoua en Erythrée. Ces bâtiments sont susceptibles d’attaquer les convois allant du golfe d’Aden à la mer Rouge.
La composante aérienne dispose théoriquement de 325 avions, mais seulement 244 sont en état de combattre.
Les forces britanniques
Renforcé par plusieurs divisions indiennes et après avoir encaissé l’attaque initiale des Italiens et stabilisé le front en Égypte, le général Wavell décide de porter son principal effort en Érythrée et en Éthiopie au début de 1941 pour liquider sur ses arrières l’armée du duc d’Aoste afin de pouvoir concentrer son action contre les troupes italiennes du général Grazziani en Libye et en Egypte.
Il s’agit également d’assurer la libre circulation du canal de Suez, vital pour les renforts de l’empire Britannique et les flux logistiques.
Ce que l’on appelle la campagne d’Éthiopie se déroule de juin 1940 à novembre 1941 sur 3 axes d’attaque simultanés :
– Depuis le Soudan avec le major-général William Platt
– Depuis le Kenya avec le major-général Alan Cunnigham
– Depuis Aden et la Somalie Britannique avec le lieutenant-colonel Arthur Chater
Les forces françaises libres
La quasi-totalité des forces françaises en Afrique étant neutralisées par l’armistice, les seules forces françaises disponibles pour le combat, sont celles de la France Libre.
Depuis le 18 juin 1940, plusieurs unités basées au Moyen-Orient ont rejoint la France Libre :
– Le 27 juin 1940 : 120 hommes de la compagnie du capitaine Raphaël Folliot du 24ème régiment d’infanterie coloniale, passent en Palestine.
– 1er juillet 1940 : 350 hommes du 3ème bataillon du 24ème régiment d’infanterie colonial cantonné à Chypre, emmenés par le capitaine Jean Lorotte de Banes, passent en Egypte britannique. Lorotte et Folliot se retrouvent en Egypte et décident de former le 1er bataillon d’infanterie de marine. Il sera intégré à la BFO en mars 1941.
– 2 juillet 1940 : Un escadron de spahis marocains à cheval du 1er régiment de spahis, commandé par le capitaine Paul Jourdier, rejoint les coloniaux de Folliot en Palestine. C’est la première unité à renforcer la 5ème division indienne et qui intégrera la BFO en avril 1941.
A ces unités constituées, il faut ajouter quelques ralliements individuels :
– Une vingtaine de légionnaires du 6ème régiment étranger d’infanterie,
– Une trentaine de marins de l‘escadre française d’Alexandrie qui viendront renforcer les FNFL
La campagne d’Erythrée est l’occasion donnée au général de Gaulle de regrouper l’ensemble des unités de la France Libre.
Le 17 janvier 1941, le général de Gaulle envoie le général Legentilhomme à Khartoum, pour prendre le commandement des Forces françaises libres en Afrique Orientale et les placer sous les ordres du général Platt. “J’ai décidé, lui dit-il, que nos forces disponibles participeraient à la campagne d’Érythrée. Vous disposerez progressivement de la légion étrangère de Monclar qui sera dirigée sur Port-Soudan avec le 2ème bataillon de tirailleurs sénégalais de Bangui, du bataillon d’infanterie de marine d’Egypte, de l’escadron de spahis de Jourdier, des 3ème et 1er bataillons sénégalais du Tchad et du Moyen-Congo, qui rejoindront le Soudan par voie de terre.”
L’idée est de profiter de l’occasion pour tenter de rallier Djibouti à la cause de la France Libre.
Le noyau est formé par la Brigade Française libre d’Orient placée sous les ordres du lieutenant-colonel Raoul Magrin-Vernerey, qui prendra le nom de guerre de Ralph Monclar.
Les forces belges libres
Le major-général Auguste Edouard Gillaert, commandant supérieur des troupes du nord-est du Congo, constitue le corps expéditionnaire d’Abyssinie de 5 700 hommes pour renforcer les troupes du major-général Cunnigham au Kenya. Après avoir parcouru à pied plus de 1000 kilomètres depuis le Congo, le premier bataillon sera engagé le 10 mars 1941 au combat de Mahdi.
Le reste des troupes belges est conservé pour la sécurité des colonies.