Plan du camp de Linas-Montlhéry en 1943

Le camp de Linas-Montlhéry a une histoire relativement récente comparée aux autres garnisons du régiment. Cette zone au sud de la région parisienne est avant tout connue pour la construction de l’autodrome en 1924.

Les sept cent cinquante hectares du domaine de l’autodrome de Linas-Montlhéry sont acquis par le Domaine national qui les met à la disposition du ministère de la Guerre. En septembre 1939, l’état-major de l’armée de Terre y installe dans une ancienne ferme, le quartier Baillot, un camp d’entraînement provisoire, le centre d’organisation de motocyclistes et d’automitrailleuses de Montlhéry (COMAM). Cette école de formation utilise la piste et l’anneau de vitesse pour la formation des pilotes d’automitrailleuses.

De novembre 1940 à avril 1942, l’autodrome fait fonction de camp d’internement pour des tziganes et des nomades. En 1946, le quartier Baillot, sert de camp de prisonnier allemands sous la surveillance du 2ème BCP.

Ce n’est qu’après la fin de la seconde guerre mondiale que le camp va véritablement accéder au statut de camp militaire sous l’impulsion du général de Lattre de Tassigny, CEMAT depuis le 30 septembre 1945, qui veut abandonner les casernes en ville afin de privilégier les camps légers hors des villes. L’idée est de disposer de structures entièrement dédiées à la formation militaire. Ces casernements se composent d’un ensemble de bâtiments légers où les compagnies sont réparties en hameaux.

Le premier casernement s’installe dans le Sud-Ouest du camp actuel sur les communes de Bruyères le Châtel et d’Ollainville. Il est construit entre 1946 et 1947, en partie avec les prisonniers de guerre allemands, sous forme de chalets en bois et de structures en tôles de type Nyssen ou Fillod. Une première partie, appelée camp Sud est construite en premier, suivie d’une seconde partie appelé camp Nord.

Camp de Linas-Montlhéry en 1950

Ces camps vont accueillir à compter de 1947 quasi-exclusivement des unités du train tout au long de leur existence, comme le Centre d’Instruction du Train N°151, le Centre Régional d’Instruction et d’Organisation du Train N°1 ou le 121ème Régiment du Train.

Le concept de camp léger avec des conditions d’hébergement rustiques, est plus ou moins abandonné quelques années plus tard et de nouvelles constructions en dur sont construites sur le camp de Linas-Montlhéry. Cela passe par la création d’un quatrième quartier, le quartier Saint-Eutrope construit à compter de 1952 et qui reçoit son premier occupant le 1er juin 1954 avec le Groupe de Transport 523, rejoint rapidement par le PC du 121ème Régiment du Train.

Une seconde vague de construction débute dans les années 60 avec la modernisation du camp Nord qui reçoit des bâtiments en dur à compter de 1962 tandis que le camp Sud est abandonné. Il est également décidé de construire un cinquième quartier entre le quartier Baillot et le camp Nord. Les travaux se déroulent de 1964 à 1966 et après une période de gardiennage par le Centre d’Instruction du Train N°151, c’est le Groupe de Circulation Routière 602 qui s’y installe le 1er septembre 1969. Enfin un sixième quartier est construit à la même période au Sud-Est du camp et prendra le nom de quartier Laroche par référence au village a proximité duquel il est construit. A partir de cette date, il n’y aura plus de création de quartier sur le camp.

Peu de temps auparavant, c’est le Régiment de Marche du Tchad qui avait pris possession du camp Nord en août 1969 en provenance de Pontoise.

C’est durant cette période que les camps sont baptisés. Le camp Nord devient le quartier Koufra, bataille de référence où le RMT s’est illustré pour la première fois, et le nouveau quartier devient le quartier Picard en hommage au général Joseph Picard, baron de l’empire, premier inspecteur général du Train des équipages militaires.

Le 1er juillet 1973, le RMT met sur pied un régiment de réserve dérivé qui prend l’appellation de 70ème Régiment d’Infanterie de Marine. Ses matériels sont regroupés au quartier Baillot qui accueille le Centre Mobilisateur N°19 depuis 1953.

C’est en septembre 1973 que la clairière de manœuvre va recevoir le nom de clairière Koulikov. Pour en savoir plus, cliquez sur la photo du maréchal.

Le 1er septembre 1977, le 1er Régiment d’Artillerie de Marine prend garnison au quartier Picard en provenance de Melun. Cela nécessite la refonte de la zone technique afin d’accueillir les véhicules blindés du régiment. Il dispose également d’un petit terrain de manœuvre de 4 Km² pour l’entrainement des batteries. Des études sont lancées afin de construire un bâtiment poste de commandement spécifique mieux adapté que la localisation dans le bâtiment de la BCS.

Le 1er juillet 1979, le régiment devient une unité de la 2ème Division Blindée qui vient d‘être recréée. La 4ème batterie sol-sol est créée conformément à la nouvelle organisation des régiments d’artillerie.

Le 20 mars 1981, le 1er RAMa est le premier régiment d’artillerie à recevoir officiellement le nouveau système d’Automatisation du Tir et des liaisons de l’Artillerie (ATILA) au cours d’une prise d’armes au camp de Mailly présidée par le chef d’état-major de l’armée de Terre, le général d’armée Jean Delaunay.

L’année 1985 est une année importante avec plusieurs évènements. Tout d’abord, l’arrivée du 2ème Régiment d’Artillerie de Marine, régiment de réserve dérivé du 1er RAMa, venant de Melun, qui s’installe ses matériels au quartier Baillot avec le 70ème RIMa. C’est également la livraison du nouveau bâtiment PC par le service du génie.

Camp de Linas-Montlhéry dans les années 80

Mais c’est surtout une procédure lancée par le colonel Couffinhal, qui commandait le régiment de 1983 à juin 1985, qui aboutit : le changement de nom du quartier. En effet, le quartier Pajol et Laurent-Champrosay de Melun ayant été débaptisé par la gendarmerie, le colonel Coufinhal propose de transférer le nom de Picard au quartier Saint-Eutrope afin de donner celui de Laurent-Champrosay au quartier du Régiment. Après de nombreuses difficultés, notamment l’opposition farouche de l’inspecteur de l’Arme du Train, la proposition est approuvée en 1985.

Entrée du quartier en 1992

C’est donc lors des cérémonies de Bazeilles organisées par le RMT le 7 septembre 1985, qu’a lieu un double baptême : celui du quartier, colonel Laurent-Champrosay, et celui du bâtiment PC, chef d’escadron Charles Bricogne.

La cérémonie est présidée par le général Simon, chancelier de l’ordre de la Libération, le général Fennebresque, gouverneur militaire de Paris, le général Paruit ancien commandant du régiment de 1952 à 1954, le colonel Robin et le colonel Couffinhal, initiateur de la démarche. Les familles des parrains sont également présentes avec Madame Geneviève Vidal-Champrosay, sa fille Véronique Laurent-Champrosay, François-Xavier Gufflet, et les cinq frères et sœurs du chef d’escadron Bricogne. Dans la continuité de la cérémonie de baptême du quartier, le nouveau bâtiment de l’état-major du régiment reçoit son nom.  

Le quartier Saint-Eutrope est rebaptisé quartier Picard quelques jours plus tard le 24 octobre 1985 afin de perpétuer la mémoire du premier inspecteur du Train.

Le 4 juillet 1986, le régiment est jumelé au 1er régiment d’artillerie de campagne belge de Bastogne. Puis c’est le jumelage avec le 205ème bataillon d’artillerie blindée allemand.

En décembre 1988, les cinq VOA du régiment sont baptisés lors de la cérémonie de la Sainte Barbe présidée par le général Leclerc. 

Le 26 juin 1989, le colonel Digonnet préside la cérémonie de baptême des véhicules de commandement du régiment.

Le 21 avril 1990, le général de corps d’armée Leclerc, alors Inspecteur des Réserves et de la Mobilisation de l’Armée de Terre (IRMAT), fait son adieu aux armes devant l’étendard du régiment qu’il avait commandé de 1976 à 1978.

Le 21 mai 1990, le régiment remplace ses canons 155 AMF3 par des 155 AUF1 et le 2 décembre 1992, lors de la Sainte Barbe, les canons reçoivent un nom de baptême … sous une pluie battante ! Chaque batterie devient dépositaire de la mémoire d’une campagne du régiment. Pour la 1ère batterie les campagnes du Tonkin, pour la 2ème batterie les campagnes du Mexique, pour la 3ème batterie les campagnes de la seconde guerre mondiale et pour la 4ème batterie les campagnes de la première guerre mondiale.

Le 2 août 1993, le 1er RAMa quitte Montlhéry pour rejoindre Laon-Couvron. Le 2ème RAMa reste sur place quelques temps avant d’être dissous le 15 janvier 1994. Le quartier est repris par le RMT avant que lui-même ne quitte la garnison en juillet 1997, tandis que le 70ème RIMa est dissous le 1er juillet 1997.

Avec le départ de ces deux régiments, le camp de Linas-Montlhéry n’est plus occupé que par des unités du train et accueillera, en plus du 121ème Régiment du Train, le 1er juillet 1998, la 1ère brigade logistique, transformée en Poste de Commandement de Force Logistique le 30 juin 2016, transformée également en Brigade Logistique le 1er juillet 2024 et intégrée au Commandement de l’Appui et de la Logistique de Théâtre.

Unités ayant occupé le quartier Picard puis Laurent-Champrosay
Construction entre 1964 et 1966.
1966 – 1969 : CIT 151
1969 – 1975 : GCR 602
1975 – 1977 : 602 RCR
1977 – 1993 : 1er RAMa
Depuis 1993 : 121ème Régiment du Train

Unités ayant occupé le quartier Baillot
L’ancienne ferme est transformée en quartier au fil du temps.
1939 – 1940 : Centre d’Organisation de Motocyclistes et d’Automitrailleuses de Montlhéry
1946 – 1947 : camp de prisonniers allemands
1949 – 1951 : Centre Régional d’Instruction et d’Organisation du Train N°1
1951 – 1953 : 121ème Régiment du Train
1953 – 1973 : Centre Mobilisateur N°19
1973 – 1979 : CM 19 + 70ème RIMa
1979 – 1985 : 70ème RIMa
1985 – 1994 : 70ème RIMa + 2ème RAMa
1994 – 1997 : 70ème RIMa
Depuis 1997 : DMD Essonne

Source : “Chroniques et métamorphoses du camp militaire de Montlhéry et le 121ème Régiment du Train de Mayence à Montlhéry” par la Société Historique de Montlhéry – 2012