Lorsque Richelieu décide de créer un nouveau port de guerre sur l’Atlantique, il hésite longtemps entre Rochefort et Lorient. Finalement, il choisi la ville à l’embouchure de la Charente.

Le port de L’Orient doit attendre Colbert et 1666 pour voir la compagnie des Indes Orientales y installer son siège. Mais les difficultés financières de la compagnie et l’impact de la guerre de sept ans sur son activité vont la conduire à la faillite. En 1769, elle doit se séparer de ses installations du port de l’Orient qui sont cédées au Roi. Dans un premier temps, le bataillon auxiliaire des colonies quitte l’île de Ré pour s’y installer avec ses 5 compagnies.

En 1784, le Roi crée le Corps Royal d’Artillerie des Colonies et cherche une garnison pour son installation. Après deux années à Douai, il est décidé de l’installer à l’Orient. 

Les bâtiments de la compagnie des Indes à l’Orient

Hôtel des ventes

Le 27 septembre 1786, le régiment de l’artillerie des colonies prend ses quartiers à Lorient au sein des bâtiments de l’ancienne cour des ventes de la compagnies des Indes. Transformé en 8ème régiment d’artillerie le 16 mars 1793, il quitte Lorient pour Rennes, laissant uniquement un dépôt pour les colonies.

A la dissolution des régiments de la marine le 28 janvier 1794, une partie des bâtiments seront transformés en bagne et le reste sera affecté à la 2ème ½ brigade d’artillerie de la marine à compter du 25 octobre 1795. Cette dernière sera remplacée le 5 mai 1803 par le 4ème régiment d’artillerie de la marine. Le 1er juillet 1814, il cède sa place au 2ème bataillon du 2ème régiment des canonniers de la marine.

Bien que le corps des canonniers-matelots soit officiellement licencié le 23 mars 1815, l’unité reste en place jusqu’à sa transformation en 4ème bataillon d’artillerie de la marine le 21 février 1816.  En 1819, la partie des bâtiments occupés par le bagne est libérée et en 1821, une réorganisation affecte la garnison au 8ème bataillon d’artillerie de la marine. Le 7 août 1822, le régiment d’artillerie de la marine, nouvellement crée, installe son état-major et un bataillon.

La caserne Bisson, construite en 1839, étant destinée à accueillir les régiments d’infanterie, ne sera jamais utilisée par les bigors malgré le manque de place.

Dans les années 1880, le régiment ne cessant d’augmenter en effectif du fait de la politique d’expansion coloniale du gouvernement, il devient nécessaire de lui affecter un nouveau casernement. Il est donc décidé de construire un nouveau quartier sur un terrain cédé en partie par la municipalité de Ploemeur et par la marine. Sa construction débute en 1890 et s’achève en 1896.

Général Frébault

Le quartier sera baptisé Frébault en novembre 1893 par le ministre de la Marine en référence au général Frébault, ancien inspecteur général de l’artillerie de marine décédé en 1888. A sa livraison, la caserne était considérée comme la plus moderne de France et était notamment dotée de l’éclairage électrique, grâce à des dynamos actionnée par une chaufferie à vapeur qui seront mises en service le 6 octobre 1897. Pour l’anecdote, il faut savoir que la ville de Lorient ne sera électrifiée qu’en 1924 !

Si l’inauguration officielle est faite par le président Félix Faure le 10 août 1896, le transfert du régiment de l’ancienne cour des ventes au nouveau quartier se fait progressivement de juillet 1896 à février 1898. A l’occasion de ce déménagement d’ampleur, deux canons de 11 et 15 tonnes plus leur affût et leur châssis sont transférés par chaland sur le quai de Rohan, puis traînés par deux attelages de dix chevaux chacun. Ils sont acheminés par la rue Carnot vers la nouvelle caserne. Compte tenu du poids des pièces (Canons, affûts et châssis soit 93 et 87 tonnes) et de l’état des rues, les ensembles seront tirés sur des madriers, afin de ne pas défoncer les voies qu’elles doivent emprunter. Le transfert de la seconde pièce durera une semaine.

Plan de Lorient en 1926 avec emplacements de l’ancien casernement et du quartier Frébault

Le 1er septembre 1902, la salle d’honneur du quartier Frébault est inaugurée par le général Bertin et le colonel Laguarigue de Survilliers.

Le régiment quittera le quartier Frébault durant la première guerre mondiale et ne reprendra possession de ses bâtiments que le 27 juillet 1919 accueilli en héros par tous les lorientais.

Le 1er janvier 1924, le 1er régiment d’artillerie coloniale change d’appellation et devient le 111ème régiment d’artillerie coloniale lourde. Ce dernier deviendra à son tour le 11ème régiment d’artillerie coloniale le 1er mai 1929. A la mobilisation de 1939, le régiment quitte le quartier mais l’étendard est conservé au dépôt. Ce sera la fin de la présence de l’artillerie de marine à Lorient après 144 années consécutives.

En effet, la caserne sera en grande partie endommagée pendant les bombardements alliés de janvier et février 1943, interdisant toute réoccupation. Elle sera rasée en 1961, seul un bâtiment subsistera et servira de prison jusqu’en 1982.

Ci-dessous quelques photos et cartes postales disponibles sur le site des archives municipales de Lorient.